Mon travail avec les abeilles

Boris Lerebours

La production du miel commence avec des abeilles heureuses et en bonne santé et se termine avec une touche personnel et le savoir-faire de l’apiculteur. Ci-dessous vous pourrez en savoir plus sur le processus de fabrication du miel découvrir étape par étape le voyage qu’il fait de la ruche jusqu’à votre pot !

Trésor de douceur qui trouve toute sa place dans nos placards, le miel est aussi connu depuis des milliers d’années pour ses propriétés bénéfiques pour notre santé. Laissez-vous guider ci-dessous le long du processus de fabrication du miel, de la récolte du nectar par les abeilles jusqu’à sa dégustation dans votre pot.

Le Processus Complet de Fabrication du Miel: De la Ruche à la Table

Etape 1 : La récolte du nectar par les abeilles

Tout commence par le va-et-vient des abeilles, les butineuses plus exactement, qui s’envolent de la ruche jusqu’aux fleurs environnantes pour y récolter le nectar (ou le miellat dans certains cas) qu’elles stockent dans une petite poche située dans leur abdomen appelée jabot.

Les butineuses une fois gorgées de ce liquide principalement fait d’eau et de sucre, rentrent à a ruche et y déversent le nectar contenu dans leur jabot. Il est instantanément réceptionné par d’autres abeilles, les manutentionnaires, qui le transformeront en miel.

A noter que le nectar est différent en fonction des plantes dont il provient. Ses caractéristiques sont propres à chaque espèce de fleur qui le sécrète et donnent au produit final, le miel, sa couleur, son goût, ses arômes et ses propriétés.

Etape 2 : La transformation du nectar en miel

Une fois à la ruche le nectar passe d’abeille en abeille, de bouche en bouche, ce processus s’appelle la trophallaxie. Par un processus chimique complexe de déshydratation, d’épaississement et d’enrichissement en substances nutritives, notamment en enzymes, le nectar se transforme peu à peu en un liquide proche du miel.

Etape 3 : la déshumidification du miel

Au stade ultime de ce processus, la dernière abeille dépose le liquide dans les alvéoles de cire pour son stockage final. Pour autant le processus n’est pas terminé. Le liquide est encore chargé d’eau, pas loin de 50%, ce qui le rend vulnérable à la fermentation. Afin de palier à cela, dans une ambiance chaude à l’intérieur de la ruche (37°C de moyenne), les abeilles battent des ailes et ventilent le miel pour faire diminuer sa concentration en eau afin de la ramener à 18 %. Ainsi le miel atteint un état stable et durable.

Etape 4 : l’operculation et le stockage du miel

Une fois le taux d’humidité descendu à 18 % le miel contenu dans chaque alvéole est enfin arrivé à maturité. Les abeilles operculent alors les alvéoles remplies de miel avec une fine couche de cire produite par leurs glandes cirières. Il est ainsi protégé de l’oxydation et garde une certaine fraîcheur durant son stockage.

Etape 5 : La transhumance des abeilles

Les transhumances consistent à déplacer les colonies d’abeilles au fil de la saison afin de suivre les floraisons, récolter les différents nectars présents dans l’environnement et produire ainsi différents miels. En Provence et dans beaucoup d’endroits de France et d’ailleurs, l’apiculture professionnelle s’organise ainsi. Il s’agit de charger les ruches sur un camion à la tombée de la nuit, lorsque toutes les abeilles sont rentrées à la ruche, et de les transporter de leur rucher de départ jusqu’à leur prochaine destination et leur prochain garde-manger à ciel ouvert. Ces mouvements d’abeilles s’apparentent à une vraie aventure où les aléas peuvent être nombreux (crevaisons, embourbements, animaux sauvages traversant la chaussée, fatigue accumulée...). Être apiculteur c’est aimer l’aventure, en voici une bonne dose au travers de ces trajets nocturnes périlleux !

En ce qui concerne l’exploitation, ce processus s’organise avec un petit camion équipé d’une grue de manutention des ruches. Les transhumances s’organisent principalement selon un gradient altitudinal : la saison démarre sur le littoral pour progressivement déplacer les ruches en altitude et suivre les différentes floraisons des massifs environnants pour culminer en haute-montagne avec la production du miel de rhododendron.

6. L'Extraction du Miel

Lorsque les fleurs visées pour un certain type de miel commencent à se faire rares ou qu’il faille amener les abeilles ailleurs pour viser une nouvelle floraison, il est temps de récolter. La récolte consiste à décoller les hausses (la partie supérieure de la ruche), retirer les abeilles sur les cadres de miel (nous concernant, par un processus mécanique à l’aide d’un souffleur), et remplacer la hausse récoltée par une nouvelle à remplir. Une fois en main, les hausses sont empilées sur le camion direction la miellerie ! Qu’il est joyeux et jouissif de récolter des hausses pleines de miel malgré le poids et l’effort ! A l’inverse le moral est bas et le travail harassant quand la récolte est maigre. Nous les apiculteurs, pourrions nous comparer facilement au moment de la récolte à un pêcheur qui remontrerait son filet plus ou moins rempli de poissons…

Etape 7 : L’extraction du miel

Une fois le miel arrivé en miellerie, la prochaine étape consiste à retirer l’opercule de cire avant de d’extraire le miel. Les cadres des hausses sont passés l’un après l’autre dans une machine à désoperculer dans laquelle des lames précisément réglées découpent l’opercule de cire qui tombe dans un bac disposé sous la machine. Certains apiculteurs continuent à faire ce travail avec un simple couteau bien aiguisé et une bonne dose d’huile de coude !

Les cadres de miel libérés de leur opercule de cire sont ensuite placés dans un extracteur qui agit comme une centrifugeuse. Le miel, par rotation des cadres, s’extrait des alvéoles et coule le long des parois de l’extracteur pour terminer sa course dans un bac récepteur.

Dans ce bac, le miel opère sa décantation. Les impuretés remontent à la surface et le miel déjà pratiquement propre est pompé par le fond pour être envoyé vers des fûts ou des maturateurs en inox. Ceux-ci sont équipés de plusieurs filtres mécaniques de différentes mailles qui achèvent son filtrage. Là le miel poursuit sa maturation pendant plusieurs jours pour être parfaitement propre et enfin prêt à être mis en pot.

Etape 8: La mise en pot

Nous utilisons une pompe doseuse associée à une table tournante qui sont tellement utiles et pratiques pour procéder à la mise en pot du miel ! Le miel liquide est directement mis en pot. Le miel crémeux passe par une phase de cristallisation (on le place en chambre froide à une température comprise entre 12 et 14°C) et grâce à une technique de brassage pendant plusieurs jours à l’aide d’un malaxeur plongé dans le miel, celui-ci prend une texture onctueuse et fondante, parfait pour être tartiner !

Voilà, vous savez tout (ou presque...) sur la magie de la fabrication du miel et son incroyable voyage du nectar de la fleur jusqu’au pot dans votre placard ! Vous comprenez peut-être aussi un peu mieux le dur labeur des abeilles (et de l’apiculteur) pour vous permettre de déguster ces merveilleux délices de douceur. Profitez-en tant qu’il en est encore temps car si le miel local et de qualité se fait de plus en plus rare, la situation pourrait s’aggraver dans les années à venir avec les bouleversement climatiques en cours et les atteintes toujours plus nombreuses à l’environnement...

Ah, attends, n'oublions pas le pollen!

Les abeilles collectent le pollen lors de leurs voyages de butinage et le rapportent à la ruche sur leurs pattes arrière dans des structures spécialisées appelées corbeilles à pollen. Lorsqu'elles entrent dans la ruche, ces particules de pollen sont méticuleusement stockées dans des cellules de rayon par les abeilles ouvrières, où elles sont mélangées à du nectar et des enzymes pour préserver leur valeur nutritionnelle. Ce pollen stocké, souvent appelé "pain d'abeille", sert de source de protéines vitale pour la ruche, notamment pour le développement des jeunes abeilles.

Les apiculteurs peuvent récolter ce pollen en plaçant des pièges spécialement conçus à l'entrée de la ruche, qui retirent délicatement une partie du pollen des pattes des abeilles lorsqu'elles entrent. Riche en protéines, vitamines, minéraux et antioxydants, le pollen d'abeille est très prisé comme complément alimentaire. On lui reconnaît des bienfaits potentiels pour la santé, notamment le renforcement du système immunitaire, la réduction de l'inflammation et l'apport d'énergie. Des pratiques de récolte durables garantissent qu'il reste suffisamment de pollen pour les besoins nutritionnels des abeilles.